Le discours de Nasrallah démontre, à ceux qui prendront la peine de
le lire, l'approche contenue, raisonnable et digne adopté par le
Hesballah, qui tend la main pour sortir de la guerre; loin des
diatribes vengeresses et destructrices des dirigeants israéliens,
relayées en boucle sur les télévisions occidentales.
Vous pouvez consulter l'intégralité de la traduction du discours du 29 Juillet 2006, en cliquant sur le lien ci-dessous:
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux...
Mes frères, mes soeurs, mes amis,
En
ce 18e jour de l’agression sioniste barbare sur le Liban, de
l’agression états-uno-sioniste barbare sur le Liban, il est de mon
devoir de m’adresser à vous de nouveau pour exposer les nombreux points
liés à cet affrontement actuel, politiquement, militairement ainsi que
sur les plans populaire et officiel au Liban et dans la nation, et
finalement, j’adresserai une réponse aux combattants qui ont envoyé une
lettre diffusée hier.
Je commencerai par la situation sur le
terrain, car ce qui s’y passe représente l’élément décisif, de premier
plan, sur l’évolution de l’affrontement, des faits politiques nouveaux
et des tentatives de recherche d’issues à la crise. D’abord, ce sont
les conséquences bienheureuses de la ténacité légendaire de la
Résistance au Liban, du peuple libanais et de tout le Liban, avec
toutes ses confessions, ses régions, ses formations et institutions.
Il
est clair, jusqu’à présent, que l’ennemi sioniste n’a pu réaliser une
quelconque avancée militaire, et ce n’est pas moi qui le dis, eux le
disent, le monde entier le dit, et les analystes politiques et
militaires le disent aussi. Lorsqu’ils parlent de la poursuite de la
guerre, ils disent que l’ennemi cherche à réaliser un acquis militaire
qui lui permette d’entrer dans un règlement politique. Tout le monde
reconnaît jusqu’à présent que l’ennemi n’a réalisé aucun acquis
militaire. Quant à la destruction des infrastructures, aux meurtres de
civils, à l’exode des populations et à la destruction des maisons, ce
ne sont pas des actions militaires dans le sens militaire du terme,
c’est une action barbare et sauvage. Il ne faut pas l’autoriser à en
profiter sur le plan politique. L’ennemi n’a réalisé jusqu’à présent
aucun véritable acquis militaire, mais au contraire, il a à son actif
plusieurs échecs militaires cuisants, il a reçu des coups terribles sur
le plan militaire, jusqu’à présent.
De manière succinte à ce niveau,
le navire militaire le plus important de ses forces maritimes a été
détruit. Ceci sur le plan maritime, ses forces maritimes ont reçu un
coup dur et humiliant. Pour ses forces terrestres, la principale de ses
forces terrestres, qui est l’unité Golani, a subi une défaite cuisante.
Même un de ses officiers supérieurs a dit que les forces ayant été
détruites sur les bords de ce triangle de l’héroïsme, de la bravoure,
du courage et de la dignité, le triangle Maroun el-Ras, Bint Jbayl et
Aytaroun, constituaient le sommet et de cette unité Golani, ce qui
signifie que l’élite de l’armée israélienne a été détruite en entier,
tués ou blessés, et atteints psychologiquement.
Vous pouvez voir
quelques photos, pourquoi certains soldats ont été transportés sur des
brancarts alors qu’ils dormaient sur leurs ventres, car les blessures
étaient sur leurs dos, cette élite qui a fui comme des rats sur le sol
de la bataille.
Au niveau des forces aériennes, la limitation du
mouvement des hélicoptères et l’appui total sur les avions militaires,
et même les attaques, les milliers de tonnes [d’explosifs], les
destructions des ponts, des autoroutes, des maisons et des routes, le
meurtre des civils n’ont pas permis à l’armée de l’air israélienne
d’empêcher le bombardement de ses colonies. Au contraire, le
bombardement est entré dans la phase « au-delà d’Haïfa », avec une
grande mesure. En raison de ses échecs et incapacités, l’ennemi tente
de cacher ses pertes. Ce n’est pas nous qui cachons nos pertes.
Nos
renseignements sur le terrain confirment que ses pertes sont plus
importantes que ce qu’il annonce par paliers. Pourquoi l’ennemi impose
jusqu’à présent une censure sur les médias et sur tout ce qui s’y dit,
afin que son peuple ne le sache pas, que son peuple ne voit pas
l’ampleur des pertes matérielles, humaines et morales de l’ennemi, et
même les sondages d’opinions qu’il annonce, ainsi que nos
renseignements de l’intérieur confirment que leurs renseignements sont
fabriquées et font partie de la guerre psychologique, mais il y a des
réalités que l’ennemi ne pourra cacher à son peuple, ni à notre peuple
ni au monde.
Quand, chers frères et chères soeurs, tout au long du
conflit arabo-israélien, quand est-ce que deux millions d’Israéliens
ont été obligés de se déplacer ou de rester dans des abris pour une
période de 18 jours ou plus ? Ce nombre augmentera avec l’élargissement
de la phase « au-delà d’Haïfa », car le bombardement de Afoula et de sa
base militaire n’est que le début de cette phase, et il y a de
nombreuses villes dans le centre qui seront les cibles de la phase «
au-delà d’Haïfa », si l’agression barbare sur notre pays et notre
peuple et nos villages se poursuit.
Est-ce qu’il peut cacher
l’ampleur des pertes financières, économiques importantes que cette
entité a subi, mais je laisserai expliquer cet aspect par les
spécialistes de ce domaine, mais la perte la plus importante est celle
qui touche à la vision, à la confiance et au moral de cette entité
envers sa direction et son armée « invincible », ses appareils
sécuritaires sophistiqués, et leur capacité à affronter un peuple
numériquement faible et un pays dont la superficie et les possibilités
sont restreintes, et une Résistance populaire aux moyens limités, tant
du point de vue humain que matériel, mais ferme dans sa détermination
et sa foi.
C’est ce qui nous explique les paroles de Shimon Pérès
affirmant qu’il s’agit d’une bataille de vie ou de mort, pour Israël.
Ce qu’il veut dire, ce n’est pas que la Résistance au Liban va entrer
en Palestine ou va libérer la Palestine ou effacer l’entité ou
l’anéantir, mais il comprend que cette ténacité libanaise formidable et
ce courage, s’ils sont couronnés de victoire, va faire mourir
l’arrogance, la morgue, l’insolence et l’esprit sur lesquels est basée
son entité, et par conséquent, il ne restera à cette entité aucun
avenir.
C’est l’histoire de la vie et de mort dans la bataille que
mène Israël actuellement, lorsque le peuple de cet État provisoire perd
sa confiance dans son armée légendaire, commence la fin de cette
entité, car Israël est un État qui a été fondé pour une armée. Israël
n’a pas une armée pour un État, et lorsqu’ils sentent que cette armée
est devenue incapable, faible, défaite et humiliée, et ratée,
certainement, la question est une question de vie ou de mort.
Mes
frères, mes soeurs, la seule possibilité donnée à l’ennemi est de faire
pression sur le Liban, sur la Résistance, sur l’État et sur le peuple,
seulement, en accroissant la souffrance humaine et sociale, en
déplaçant le maximum de gens, en tuant les civils, en détruisant encore
les maisons et les infrastructures. Il espère pouvoir utiliser cette
souffrance pour faire pression politiquement sur tous, pour qu’il
réalise par la politique ce qu’il a été incapable de réaliser par la
force militaire. Et cela, vous pouvez, vous le peuple, le faire échouer
par votre patience, votre ténacité et votre persévérance. Et dans ce
cadre, Mlle Rice revient dans la région, pour essayer d’imposer à
nouveau ses conditions sur le Liban, pour servir son projet de «
nouveau Moyen-Orient », et au service d’Israël.
Nous devons le
savoir, l’Israélien est prêt et mûr pour arrêter l’agression, car il
commence à craindre l’inconnu et un enlisement plus grand, mais celui
qui insiste sur la poursuite de l’agression sur le Liban est
l’administration états-unienne. Et aujourd’hui plus que tout autre
moment, Israël semble un outil malléable et exécutant le projet
états-unien et la décision états-unienne. Et, afin que le Liban puisse
gagner la bataille, il a besoin d’une volonté politique, ce qui
signifie que le Liban a besoin d’une volonté politique qui n’est pas
inférieure à celle des combattants sur le terrain, ni inférieure à
celle des résistants, des déplacés et de tous ceux qui sont solidaires
avec eux, parmi tous les Libanais.
Le Liban a besoin aujourd’hui
d’une volonté nationale qui rassemble afin que les sacrifices ne soient
pas vains. Nous tenons à assurer cette volonté et cette solidarité,
nous tenons, à cette étape, à ce que le gouvernement soit puissant afin
qu’il assume ses responsabilités nationales en faveur du Liban et de
son peuple, nous tenons à collaborer avec le gouvernement et tous les
courants et forces politiques pour présenter un Liban unifié et
cohérent autour de ce qui protège et assure ses intérêts nationaux, et
nous agissons sur cette base, mais certainement, il est demandé au
gouvernement d’agir à partir de ce qu’expriment les Libanais, la
Résistance, l’unité, la grandeur, lorsqu’ils surmontent leurs blessures
et affirment qu’ils sont prêts au sacrifice. Nous devons savoir tous
que, malgré cette destruction et à cause de notre résistance à nous
tous, nous sommes face à une occasion historique pour le Liban de
libérer enfin toute parcelle de sa terre, de récupérer ses prisonniers,
d’assurer sa souveraineté nationale, et ni notre ciel, ni notre mer, ni
notre honneur, ni notre être ne pourront être dorénavant menacés par
des violations ou des agressions sionistes.
À tous les Libanais,
L’essentiel
est que nous résistions pour être victorieux, si Dieu le veut, et nous
seront vainqueurs, si Dieu le veut. Et ce que j’entends et je lis
depuis quelques jours à propos de la victoire, de sa dédicace, je
voudrai les commenter. J’ai lu de nombreux articles, j’ai entendu
plusieurs interviews politiques, et la question posée est : qu’en
sera-t-il si la Résistance sort victorieuse ? Et j’ai su également que
certaines personnalités de certains courants politiques, et je ne dis
pas les directions de ces courants, quelques personnes essaient de
susciter la peur parmi leurs bases des conséquences de la victoire de
la Résistance. Je répondrai de manière catégorique.
D’abord, le
Liban et son peuple ont une expérience de cette Résistance lors de la
victoire en 2000, et comment elle a agi. Ensuite, dès à présent, je
confirme qu la victoire sera pour tout le Liban, avec toutes ses
régions, ses confessions, ses courants et ses institutions officielles
et populaires, en premier lieu, au Liban naturellement, et la victoire
sera une victoire pour tout Arabe, tout musulman, tout chrétien et
honnête homme de ce monde qui s’est opposé à cette agression et a
défendu le Liban, par la parole ou par l’action ou par le soutien. La
victoire sera, pour les membres de la Résistance et ses sympathisants
en particulier, un puissant moteur pour l’amour et la concorde avec
tous les Libanais, et notamment ceux qui les ont soutenus et les ont
aidés, tant au niveau politique que médiatique, à ceux qui les ont
accueillis et honorés de Saïda au Mont Liban, du nord et du sud, à
Beyrouth vers le nord et la Bekaa. Cette victoire sera un catalyseur
pour la reconstruction du Liban, plus beau qu’il n’était, un Liban beau
mais fort, un Liban beau mais digne. Cette victoire sera un catalyseur
pour l’unité et la complémentarité et non un facteur de domination et
d’orgueil, cette victoire sera un puissant mobile pour concrétiser
notre unité nationale que notre peuple a réalisée ces jours-ci,
réalisée grâce aux valeurs de Jésus, paix sur lui, et aux valeurs du
messager de Dieu, Muhammad, prières et paix sur lui, les valeurs de
l’entraide, de la solidarité, de l’amitié, de la fraternité, de
l’inquiétude partagée, de la coopération et de l’amour que tous les
gens ont manifestés, de façon très concise et très responsable. Et
j’espère que certains n’aillent pas loin dans leurs explications.
J’affirme aux Libanais qu’il ne faut pas que certains d’entre vous
aient peur de la victoire de la Résistance, mais il faut craindre
plutôt sa défaite. Ainsi se comporte toute personne patriote. Frères et
soeurs, nous assistons à des mouvements populaires de plus en plus
importants dans les pays arabes et musulmans, et ailleurs, en
solidarité avec le Liban et la Palestine. Ceci nous raffermit
certainement, nous réjouit et nous rend heureux, et nous les remercions
pour tout cela, et nous estimons tout ce qu’ils font. Dans ce cadre,
des mots, des positions, des discours peuvent être émis pour porter
atteinte à l’unité des rangs et l’esprit de la bataille. Il ne faut pas
que nous en soyions affectés ou que nous soyions poussés à réagir. Je
mets en garde contre toute réaction non appropriée, car des réactions
erronées peuvent servir notre ennemi et l’ennemi de notre pays et de
notre nation. J’adresse mes plus vifs remerciements à tous les ulémas
et muftis dans le monde musulman, à tous les dirigants des mouvements
islamiques dans le monde qui ont fait face à ces tentatives de sédition
et de division des rangs des musulmans, et notamment au cours de cette
phase sensible. Quant aux gouvernements et régimes, nous n’avons
demandé à aucun de se battre avec nous ni de nous défendre, tout ce que
nous leur avons demandé est de ne pas constituer une couverture à
l’agression sur notre pays et notre peuple, seulement et seulement,
même s’ils peuvent faire beaucoup pour le Liban, et le minimum serait
de mettre leurs possibilités et leurs énergies, et de profiter de leurs
amitiés pour faire cesser cette agression, sans plus. Dans tous les
cas, lorsqu’il y aura une évolution positive dans l’attitude de tout
État arabe envers le Liban et lorsque cet État apportera son aide et
son soutien et consacrera ses efforts pour faire cesser la guerre, nous
recevrons cela en toute amitié, avec tous les remerciements et l’estime.
Nous
ne cherchons pas les querelles ni les inimités, nous sommes à la
recherche de l’unité, de la concorde, de la coopération et de la
solidarité, et tout ce que nous voulons est le bien et la dignité pour
notre patrie et notre nation, et pour ce but, nous dédions nos âmes et
notre sang, et c’est ce que nous possédons de plus cher.
Puisque
nous parlons des gouvernements et des régimes, je voudrais commenter
les questions critiques posées ces derniers jours, qui ne sont pas de
simples questions, à propos de la Syrie et de l’Iran, des questions qui
nous ont été adressées disant : où sont vos alliés dans cette dure
bataille ?
Je me contenterai de répondre aujourd’hui, parce qu’ils
parlent de la Syrie et de l’Iran, qu’ils n’ont poussé personne contre
le Liban, qu’ils n’ont participé à offrir aucune couverture à cette
guerre, et qu’ils n’ont à aucun moment marchandé la Résistance, ni au
Liban, ni en Palestine, ni dans le passé, ni aujourd’hui, ni dans le
futur, alors que les portes des marchandages sont ouvertes. Ils sont
toujours, je veux dire la Syrie et l’Iran, aux côtés du Liban, de son
peuple et de sa Résistance, ils ont mis toutes leurs possibilités
auprès de leurs amis dans le monde, pour faire cesser l’agression
sioniste sur le Liban, loin de toutes les surenchères et les
exhibitions, ils ne se sont même pas intéressés à entrer dans la crise
pour en profiter sur le plan régional, ils ne veulent que le bien au
Liban, à son peuple et à sa Résistance.
Et pour notre part, nous ne
voulons pas d’eux autre chose, et là, je voudrais indiquer l’accueil
immense fait par la Syrie, au niveau de sa direction, de son
gouvernement et de son peuple, à des dizaines de milliers de déplacés
libanais.
Nous recevons des informations sur le soin, l’honorabilité
et l’intérêt digne qu’ils reçoivent, ce qui réclame nos remerciements
et notre fierté, et c’est ce que nous en pensons. Frères et soeurs, je
viens à la dernière partie de mon discours comprenant un mot pour
chacun, une réponse à la lettre adressée par les combattants de la
Résistance, un mot à l’ennemi et au monde. Pour les gens, généreux et
tenaces, résistants dans leurs villages et leurs villes, et aux
déplacés par force, à tous les patients et les certains de la victoire,
qui ont étonné le monde par leur patience, leur résistance, leur
confiance et leur cohésion, aux vieillards, aux femmes, aux enfants et
aux malades, aux familles qui dorment sous le ciel, sans que ne soit
entamée leur détermination ni leur courage, que pourrai-je vous dire ?
Y a-t-il une parole qui équivaut à votre droit et votre résistance ? Je
vous le dis, pour moi-même et au nom de mes frères, nos âmes, notre
sang et nous-mêmes sommes vos dévoués, pour vos larmes, vos blessures,
votre résistance et votre fierté.
Vous reviendrez dans vos maisons,
très chers, la tête haute, dignes comme vous l’étiez et comme vous le
resterez, nous n’avons qu’une seule promesse, celle de la victoire que
vous aimez. Et je vous dis que Dieu vous récompense dans ce monde et
dans l’autre, vous les gens les plus nobles, les plus courageux et les
plus purs.
Quant aux combattants, je leur dit, votre message m’est
parvenu et je vous ai entendus. Vous êtes comme vous l’avez dit, oui,
vous êtes la promesse sincère, vous êtes la victoire qui arrive avec la
permission de Dieu, vous êtes la liberté pour les prisonniers et la
libération de la terre, vous êtes les défenseurs de la patrie, de
l’honneur et de la dignité.
Mes frères, vous êtes l’authenticité de
l’histoire de cette nation, vous êtes la quintessence de son âme, vous
êtes sa civilisation, sa culture, ses valeurs, son amour et son esprit,
vous êtes sa bravoure, vous êtes la permanence de ce cèdre sur nos
sommets et l’humilité des épis de blé dans nos maisons, vous êtes la
fierté comme les monts du Liban. À l’ennemi et au monde je dis, quelle
que soit la durée de cette guerre, nous sommes prêts, quelles que
soient les sacrifices, nous en sommes issus. Dans la bataille de la
volonté, nous ne serons pas défaits. À Bush et Olmert et tous les
tyrans et agresseurs, je dis, agis comme tu l’entends, par Dieu, tu
n’effaceras pas notre mémoire et tu ne tueras pas notre inspiration, ce
qui t’a rassemblé sera dispersé, et tes jours sont comptés. Ceux qui
ont agi injustement apprendront un jour quel sort funeste les attend et
quelle sera l’heureuse fin à ceux qui Le craignent.
Paix et miséricorde sur vous.